"Parcours Croisés" - Ch.6 Martina
Parcours croisés - Lundi
Chapitre 6
Martina
En sortant de la salle de bains, je suis allée dans notre chambre, et je suis restée quelques minutes dans la pénombre, assise au bord du lit, vidée. Jai repensé, honteuse, à toutes ces horreurs que javais dites à Alain. Quest-ce qui ma pris ? Que va-t-il penser ? Le surprendre dans un tel moment dintimité ne mautorise pas à le traiter de la sorte ! Jétais en colère ! Cest ça
jétais en colère de le trouver comme ça, en train de se caresser
mais de quel droit, mon Dieu ! après la journée que moi ! jai passée avec Véro
et puis jétais frustrée, comme sil me volait le plaisir que jattendais de lui ce soir
jattendais quil me donne, lui ! le plaisir que je navais pas eu dans la journée
je suis allée trop loin !
Je me suis déshabillée et jai enfilée un short en coton et un petit T-shirt à fine bretelle, tenue décontractée que je mets à la maison depuis quil fait chaud comme ce soir. Leau de la douche coulait toujours dans la salle de bains.
Une petite brise froisse les pages du catalogue « Voyages » que je feuillette sans y prêter une véritable attention. Le lit-brouette dans lequel je me suis installée est à lombre de lérable, me protégeant du soleil qui a surchauffé le ciment de la terrasse. La courte de nuit de sommeil, la chaleur de la journée, me plongent dans un état de douce somnolence. Images décousues qui se superposent et sentrecroisent
Alain dans la salle de bains dun hôtel de Djerba
Véronique nue sur une plage de Bali
Annie prenant le thé les fesses à lair à lîle Maurice,
Christophe lisant le journal au bord dune immense piscine à Hawaï, 3959 Euros par personne, sept jours, voyage compris !
Alain apparaît dans lencadrement de la porte, quelques gouttelettes deau glissent lentement sur ses pectoraux, viennent se perdre dans son nombril, débordent et coulent sur la serviette quil a nouée autour de ses reins.
- Tu as vu, jai tout tondu et jai taillé les bordures
- Mmm mmm
- Jai trouvé la liste des travaux à côté de mon bol ce matin
Le ton se fait plus tendre et des plis rieurs se forment aux bords des yeux :
-
. Et je suis un garçon obéissant
enfin
si on ne men demande pas trop
Je pose ma main sur la sienne, mêle nos doigts :
- Je ne « demande » rien, mon chéri, je ne veux que ce que toi, tu veux
pardonne-moi
jétais
surprise
tu sais, je dis nimporte quoi, parfois
Je lâche sa main, jefface dun revers de doigt les gouttes qui perlent sur sa cuisse :
-
tu sais
cest la première fois que je te voyais
Il veut parler, mais je mavance vers lui, et pose un doigt sur sa bouche :
- Chhh
attends
tu mas terriblement excitée
et jai dit nimporte quoi
Il me prend dans ses bras, et je colle ma joue à son épaule, la bouche dans son cou :
-
je taime
Tes tout mouillé et je taime !
- Je taime, ma chérie
et je taime aussi quand tu dis des horreurs
mais tu ne mas pas habitué à un tel langage !
Je me redresse, et lui donne un petit coup sur la poitrine :
- Toi non plus tu ne mas pas habitué à ça
- Désolé Tina
ça ne se produira plus
- Euh
jespère bien que si
mais
tu me laisseras faire aussi, de temps en temps ?
Je ris et je lembrasse en même temps, et il rit aussi en me serrant dans ses bras, glisse sa main sous mon t-shirt et caresse mon dos
CRAACCCC
et nous nous retrouvons par terre : le lit- brouette na pas résisté !
Moment de stupeur ! Nous restons strictement immobiles, toujours enlacés :
-
ça va ?
- Je crois
et toi ?
Alain se relève, ratt la serviette qui sest dénouée et pend le long de sa jambe :
- Pas de mal pour moi
tu es sûre, tout va bien ?
Toujours assise par terre, je lève la tête et vois son sexe à dix centimètres au- dessus de moi .
- Bonjour, toi
oui, sûre, tout va bien !
Il me prend la main et maide à me relever, passe un bras dans mon dos et lautre sous mes genoux, me soulève dun mouvement souple. Il se retourne pousse la porte du pied, entre dans le salon et me dépose doucement sur le canapé
La première fois que je lai vu, je revenais de la réserve au fond de la boutique ; il était de dos et discutait avec Bertrand, mon adjoint à lagence. Il portait un pantalon de toile beige qui moulait ses fesses, un polo sous lequel se devinaient les muscles de son dos. Ses cheveux blonds bouclés, plutôt cours, partaient dans tous les sens. Je nentendais pas leur conversation, mais je le voyais sexpliquer à grands gestes.
Le contraste avec Bertrand, veste ouverte sur un ventre généreux débordant sur sa ceinture et cravate en bataille était tellement comique que je restais à distance à les observer. Pour une fois, Mireille nétait pas plongée sur son clavier en train de le massacrer à doigts méchants : elle fixait le client, doigts suspendus et bouche ouverte. Je lai détaillé à nouveau en prenant mon temps : grand, plus grand que moi, cest un bon point
solide, de belles épaules, cest bien
des fesses
dont on sentait la fermeté dun seul regard ! Important les fesses dun homme
je ne porte jamais de jugement définitif avant de voir un homme de dos ! Je me suis surprise à lévaluer comme on juge un cheval
seule depuis trop longtemps ma fille, arrête ça
et puis Bertrand la pris par le bras en me montrant du doigt et la conduit vers moi.
Mon Dieu quil était beau ! Mes yeux zappait des pectoraux à ses yeux, de ses yeux à ses pectoraux, et puis
il était là devant moi et me tendait la main. Bertrand est retourné vers son bureau et je continuais à lui secouer la main, à lui secouer la main
réveille-toi, idiote, vite
Jai retiré ma main, lai prié de sasseoir, jai fait le tour de mon bureau, me suis assise, les jambes un peu molles, et
il était toujours debout devant le bureau, bras demi tendu, et légèrement rougissant.
Pendant les deux semaines qui ont suivies, je lui ai fait visiter sept ou huit appartements, dont aucun ne lui convenait : je trichais! Quand jai eu épuisé les trucs les plus moches de lagence, je suis allée en chercher chez la concurrence ! Une seule chose mimportait, un autre rendez-vous, le revoir.
Au bout de deux semaines, au pied dun immeuble, avant de descendre de voiture pour une nouvelle visite, il a posé la main sur mon bras :
- Inutile de le visiter ! Ecoutez-moi, sil vous plaît
je suis assez maladroit et ce que je voudrais vous dire nest pas facile pour moi
voilà
ce nest pas très honnête de ma part de continuer à vous faire chercher pour rien
je dirai non à tout pour le seul plaisir dun nouveau rendez-vous
ne vous fâchez pas
dites quelque chose
je suis mal à laise, là
Sa main sur mon bras me faisait trembler. Je me suis penchée vers lui, et jai déposé un baiser sur sa joue.
Son regard, oh ! Son regard
Il ne parlait plus, il me regardait dans les yeux, ne faisait pas un geste.
On est resté longtemps comme ça, et puis il a retiré sa main, a regardé droit devant lui, a poussé un soupir, et sest lancé :
- Je tai aimée dès que je tai vu
depuis deux semaines je pense à toi sans arrêt
je ne veux pas être te mettre mal à laise
alors dis-moi darrêter, de te laisser en paix si tu le veux
Je nai pas réfléchi une seule seconde :
- On pourrait se voir ce week-end, et mieux faire connaissance
tu ne sais rien de moi
- Ce soir ?
-
oui, ce soir
Jai démarré, je me suis garé en ville, et on a passé le reste de la journée dans un café à discuter, à nous raconter, nos vies, nos passés, à nous caresser les mains au-dessus de la table, à ne rien dire pour finir, inquiets de la suite.
Main dans la main, nous sommes allés à pied jusquà lappartement de ville quil occupait encore, trop grand pour lui depuis que son amie lavait quitté.
Je lai accompagné jusquà sa porte en lui tenant la main, montant avec lui les deux étages.
Je suis entrée avec lui dans son appartement presque vide de tout meuble et jai lâché sa main quand il a posé ses mains sur mes hanches.
Jai glissé une main dans ses cheveux quand il a dégrafé ma jupe.
Il ma mise nue dans son salon vide, lentement, meffleurant à peine, ma soulevée dans ses bras, déposé sur le lit dune chambre où ne restait que ce lit. Il sest mis à nu au pied du lit sans quun instant je ne quitte ses yeux du regard.
Et sans caresses, sans paroles, il sest allongé sur moi. Jai ouvert mes jambes sous les siennes, avancé le bassin à sa rencontre, refermé mes bras dans son dos, et pour la première fois depuis huit mois jai accueilli en moi le sexe dun homme. Il est entré en moi dune seule et lente poussée jusqu à ce que nos ventres se touchent, ne rencontrant aucune résistance à son envahissement, et na plus bougé, si ce nest de légères contractions que je ressentais au plus profond de mon ventre. Il a soulevé légèrement ses reins et jai commencé à onduler des hanches sous lui, très lentement, et en quelques secondes, jai crié mon plaisir dans son cou, et crié encore quand jai senti sa jouissance minonder, et crié encore quand il ma plaqué sur les draps de deux puissants coups de reins.
Cétait un moment rare qui est resté gravé en moi.
Javais 30 ans, une certaine expérience du sexe, mais je navais jamais joui aussi vite et aussi fort dune simple pénétration, sans caresses ni préliminaires et jen restais étourdie et émerveillée. Je jouis rarement pendant une pénétration de la seule pénétration. Il faut le plus souvent que mon partenaire ou moi-même, le plus souvent moi, excite mon clitoris pour que jaie un orgasme. Et, là tout de suite, comme ça, jai joui très fort, à me couper le souffle sous la montée des contractions de mon ventre, les muscles raidis de tremblements, les seins lourds et tendus. Aussi fort et violent, je navais jamais connu avec mes partenaires précédents.
Nous navions pas déjeuné à midi, et nous navons pas dîné ce premier soir de notre amour non plus.
Nous sommes restés longtemps couchés face-à-face, à nous caresser doucement de nos mains, de nos jambes, à nous embrasser.
Et puis est venu le temps de la découverte. Nous nous étions vu nus lun lautre, mais sans nous y attarder, comme pressés dune urgence plus forte. Et là, nous avons pris notre temps, chacun soffrant totalement, chacun explorant lautre, tour à tour, chacun notre tour, pour profiter pleinement de lapprentissage des mains de lautre, du corps de lautre, du sexe de lautre.
Ses yeux, ses mains, sa bouche, ont tout appris de moi, mont à nouveau donnés du plaisir, couverts mon corps de transpiration, provoqués des orgasmes plus connus, rendant presque mon sexe et mes seins douloureux.
Et puis mes yeux, mes mains, ma bouche, ont tout appris de lui, et se sont attardés. Sur son torse lisse et ses tétons durcis sous ma morsure, sur son ventre dur de muscles qui roulaient dattentes, sur ses cuisses couvertes dun fin duvet blond disparaissant à lapproche des fesses, si dures sous mes doigts qui écartaient, contractées de mon regard ; et son sexe, long et lourd au repos, couché à demi entre sa cuisse ouverte et les testicules, bougeant de mon souffle, roulant sous mes doigts qui soupesaient, doigts glissés dans les fins poils frisés à la racine de la verge, langue qui joue de son prépuce à moitié retroussé, lèvre qui aspire le méat et langue qui le fouille ; et le réveil, la verge qui se gonfle et se redresse lentement, par petites saccades, glissant et tournant jusquà glisser sur le ventre tendu, pointant au-dessus du nombril, veine gonflée, palpitante de soubresauts qui la redressent et la décollent du ventre, le gland découvert, ourlé dun boursouflure à sa base, frein tendu de désir, et qui gonfle et se gorge sous la pointe de ma langue ; comment ce sexe a-t-il pu me pénétrer ? il est si épais, droit et tendu, gland gorgé qui étire le frein translucide de tension ; ni mon mari, ni aucun de mes amants ne lui ont ressemblé ; jaurais pu craindre, et me refuser de lavoir connu ainsi avant, alors quil me fait si envie maintenant; mes lèvres sétirent et enveloppent, et cest mon ventre qui ressent la caresse et coule denvie ; ma langue masse et tourne, et cest mon clitoris qui se gonfle et se découvre ; et la semence chaude, épaisse, âcre et salée coule entre mes lèvres et je jouis à nouveau du plaisir que je donne, jouissance toute neuve, jamais obtenue de la sorte auparavant.
Pourquoi on ne cest plus quitté depuis ce jour ? Parce que ma peau sur la sienne est une évidence, une simple évidence.
entre dans le salon et me dépose doucement sur le canapé
Il baisse mon short ; je replis les jambes pour laider à le faire glisser et lexpédie loin du canapé dun coup de pied. Il massoit, sassoit par terre entre mes jambes, approche son visage de mon sexe et souffle doucement sur mes cuisses. Je renverse la tête sur le dossier et en me soulevant à deux mains je glisse vers le bord du siège, jusquà avoir les fesses à moitié dans le vide. Je lève mes jambes et prend mes genoux dans mes mains, je ferme les yeux. Son souffle frais remonte, sattarde sur mes fesses, sur mon petit trou qui se contracte, remonte le long de la fente entrouverte de mon sexe. Le souffle sarrête et ses lèvres se posent sur mon bouton, sa langue soulève le petit capuchon, contourne, soulève, lèche
et ses lèvres aspirent
et sa langue accélère
et le plaisir auquel jai renoncé laprès-midi dans les bras de Véronique, qui est presque venu dans la salle de bains, arrive enfin, libérateur, coule sur la bouche dAlain qui boit, lape, aspire. Jemprisonne sa tête entre mes jambes que je repose sur ses épaules, le plaquant à moi, longtemps
jusquà la dernière contraction. Ses mains sur mes hanches glissent et viennent se poser sur mon ventre, chaudes et légères. Je voudrais mendormir comme ça, ne plus bouger
Je passe une main dans ses cheveux :
- Chéri ?
tu respires encore ?
Il lève la tête, bouche barbouillé, se lèche les lèvres :
- Cétait bien
javais soif
de toi
- Mon chéri, jai oublié de te dire
on a des invités mercredi soir
barbecue !
Comments:
No comments!
Please sign up or log in to post a comment!